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MANIFESTE DU NOONAUTE.


30/05/1999. Version. 1.2
27/10/2006. Version. 1.3
18/06/2009 Version 1.4










LES NOONAUTES



Pour définir mon rôle d’artiste, j’ai forgé en 1998 un néologisme : Noonaute, qui implique une définition de l’art qui correspond à ma compréhension de ce que je considère comme un des plus haut niveau de communication de l’humanité.
Noo = Esprit, Naute = Navigateur.
Je suis, comme tous les artistes, un explorateur de la spiritualité sous toutes ses formes... conscientes, inconscientes, imaginaires, métaphysiques, religieuses, sexuelles, scientifiques, paranoïaques, schizophrènes, lysergiques, philosophiques, mythologiques...

"Noo" : pour esprit et imaginaire : Noo évoque la noosphère de Teilhard de Chardin, et ce n’est pas un hasard... l’internet, est la métaphore active, comme dirait Mac Luhan, de cette cybersphère informationnelle qui relie l’humanité à travers ses oeuvres spirituelles...

Noo c’est : « Nous »
L’art, comme la science sont de nature collective...
L’art, contrairement à ce que pourrait faire croire une profusion de lois et de débats sur les copyrights, est avant tout une oeuvre collective:D’une part, par la pratique. Car chaque artiste, bien qu’explorant des zones inconnues, a toujours marché sur les traces de ses prédécesseurs. D'autre part, par son contenu. Car les noonautes : "voyageurs de l’esprit", sont les voyageurs du "Nous" :
l’humanité. Bien qu’il explore parfois des zones mystérieuses et métaphysiques qui ne nous appartiennent pas, l'artiste explore surtout un champ de conscience et d’inconscience que nous partageons tous, commun à la fois aux civilisations et à chacun des individus qui les composent...

"Nautes" : pour "navigateurs" : La métaphore du navigateur est pour moi celle qui définit le mieux la passion artistique. Chaque artiste est un navigateur qui, au début de sa vie d’auteur, s’engage en général sur les voies commerciales bien balisées de la création. Mais tout artiste, à un moment ou un autre de sa quête, s’aventurera inévitablement dans des zones inexplorées, parfois dangereuses de l’imaginaire.

S’il survit à son exploration, son oeuvre sera une balise, révélant une parcelle mystérieuse de ce qu'est l’humanité.

Explorer l’imaginaire n’est pas sans danger, et nombreux sont ceux qui ne sont pas revenus indemnes de leurs explorations...
Mais c’est le propre de l’humanité de chercher à repousser les limites. Repousser les limites des territoires informationnels est moins criminel que chercher à repousser les limites des nations, ou des empires. Comme dirait le fondateur de la cybernétique Norbert Wiener : "C’est sa capacité à traiter de l’information complexe qui assure la suprématie d’une espèce sur l’autre". Quoi d'autre que l’art et la science en matière de complexité du "traitement de l'information", sinon le divin ?







LES NOOSCAPHES

Le terme de NooNaute est donc inspiré d'une métaphore maritime qui permet d'associer la démarche artistique aux concepts de sphere informationnelle, noosphere (cf Teilhard de Chardin, Vernadsky), et cybernétique (cf Norbert Wiener).

le NooNaute est un pilote de nooscaphe, (par référence à l'origine étymologique du mot cybernétique : kubernétiké, le pilote du navire) c'est à dire quelqu'un qui détient une expertise spécifique, ou un don qui lui permet de piloter les vaisseaux d'exploration noosphériques.

Ces vaisseaux d'exploration noosphériques, les "nooscaphes", sont les outils qui permettent de "réaliser" des oeuvres dites "artistiques", donc d'explorer la noosphère.

Par exemple un théâtre avec tous ses équipements, un studio de télévision, un poste informatique avec ses logiciels dédiés à la création artistique, un chevalet et sa boîte de peinture, un atelier de sculpture, une feuille de papier et un crayon, une machine à écrire, sont des nooscaphes.

Le NooNaute, grâce à son expertise acquise par la pratique, va donc voyager dans l'espace informationnel, soit pour son propre compte, soit il va mettre son expertise au service des grandes compagnies de nootransport, comme les chaînes de télévision, les agences de publicité, la presse, les masse media...

La métaphore maritime est d'une étonnante pertinence pour décrire le noonaute, en effet, comme en marine, il existe des NooCapitaines qui pilotent d'énormes et coûteux nooscaphes, afin de livrer du fret informationnel commercial à travers les voies bien balisées de la sphère informationnelle, et d'autres, NooNautes solitaires, qui partent à l'aventure aux commandes de petits nooscaphes bricolés afin d'explorer des espaces noosphériques inconnus et parfois dangereux.

Etymologie : outre la référence à Teilhard de Chardin et Vernadsky, le préfixe Noo vient du grec Noùs...
qui s'inscrit dans une démarche philosophique spécifique de la grèce antique où le Noùs fait partie de cinq systèmes conceptuels permettant à l'humain d'accéder à la Vérité d'après Aristote (Ethique à Nicomaque, livre 6, Métaphysique, a et e) :
la techne , l'episteme , la phronesis , la sophia , le Noùs






NOONAUTES

NOONAUTES, NOOSPHERE et CYBERNETIQUE.
Proposition de Néologisme pour une nouvelle définition de l'artiste.

Norbert Wiener en 1948 à travers son texte fondateur "Cybernetics or Control and Communication in the Animal and the Machine", invente la Cybernétique, dans laquelle les notions d'échanges informationnels et de traitement de l'information jouent un rôle prépondérant...
Pour paraphraser Wiener: "plus un organisme est capable de traiter de l'information complexe, plus il est haut dans la hiérarchie de la vie".
Teilhard de Chardin, presque au même moment, avec son livre "Le phénomène humain. commencé en 1938 et terminé en 1948, propose les néologismes de Noosphère et de Noogenèse pour nommer, dans une démarche à la fois scientifique et métaphysique, cet espace informationnel qui englobe l'ensemble des activités humaines.

Norbert Wiener, comme Teilhard de Chardin, à travers leurs manifestes à la fois scientifiques et philosophiques font des notions de communication et de transmission de l'information, l'élément déterminant de l'évolution humaine, et indirectement donnent une nouvelle définition de l'art, qui de fait, s'inscrit parmi l'ensemble des processus informationnels caractérisant la noosphère, ou le cyberespace.

En plus de ses véritables applications scientifiques, la philosophie cybernétique influencera de nombreux artistes des années cinquante, comme Xenakis, Schoffer, Weng Ying Tsai, Bruce Lacey... qui, par leurs oeuvres sont déjà des artistes multimedia.

À bien des égards Nam June Paik, bien que se réclamant de Fluxus s'inscrit aussi dans l'esprit d'un "art cybernétique" lorsque en 64, il fabrique un robot qui défèque et interpelle les passants dans les rues de New York.
Fabian Sanchez avec ses robots machines-à coudre est aussi un précurseur, comme Woody et Steina Vasulka qui font leurs oeuvres avec des pièces détachées d'ordinateurs, et on peut même parler d'art robotique pour le travail de certains plasticiens ou artistes multimedia...comme Bernard Szajner avec ses robots et sa harpe a laser.

Ce mouvement de l'art cybernétique sera éphémère, mais il est précurseur de ce qui se passe actuellement : L'histoire a rejoint ces premiers créateurs "multimédia", car avec la prolifération des réseaux favorisant des modes de transmissions horizontaux, nous sommes entré dans l'ère de "l'utopie de la communication" générée par la pensée de Wiener chez les utopistes des années cinquante...(idéal controversé..mais c'est un autre débat).
Le résultat c'est que cela a une influence radicale sur la création artistique et ses vecteurs de diffusion.

Sous l'influence des nouvelles technologies de la communication et l'apparition de nouveaux outils de création en réseau, L'art se "désacralise" un peu plus... car il est de plus en plus déterminé, non plus par des auteurs, des mouvements, des contextes, des groupes, mais par des phénomènes de transmissions horizontaux de vagues informationnelles...

Les réseaux permettent aux artistes de diffuser leurs créations et de rencontrer leur public, sans passer par le contrôle des grandes institutions de l'art.

La science-fiction par exemple, genre artistique dans lequel je m'inscris et souvent occulté par le milieu des arts plastiques en France, est un courant artistique multimedia regroupant une myriade d'auteurs différents, oeuvrant sur des supports différents.

Pour citer les plus célèbres...
Giger, plasticien et sculpteur fait des décors de films... et a carrément marque l'histoire de l'art Grâce à sa participation au film Alien...un film. Moebius fait des dessins animés en images de synthèse, de la bande dessinée, de la peinture. Druillet est décorateur, sculpteur, peintre, scénariste, et il vient de faire un CD-Rom interactif... Jodorowsky est à la fois réalisateur de cinéma, scénariste, écrivain... Bilal, fait des films, des Bandes dessinées, de la peinture et des Cd-Rom.... Philippe Caza fait du dessin anim√©, et est tr√®s pr√©sent sur les r√©seaux sociaux num√©riques...
Au sein de la SF il y a des courants artistiques transversaux à plusieurs supports comme le Cyberpunk, la Fantasy, le Steampunk, et d'autres courants apparaissent comme le Transhumanisme, les Extropians, les Noonautes, les Teknosterr etc... chacun de ces courants artistique génère des groupes de créateurs diversifiés qui expriment un imaginaire similaire sur des supports différents...et ce a une vitesse de plus en plus accélérée...(je plains les futurs historiens de l'art qui sont à l'école actuellement)

Il est intéressant d'ailleurs de constater comme les scientifiques rejoignent parfois les artistes dans leurs recherches. Ainsi, pour moi, les robots sauteurs du MIT, sont à la fois des objets scientifiques et des oeuvres d'art, car ces réalisations scientifiques expriment de façon explicite un pan entier de la NooSphère: le mythe de "la créature artificielle"....
Rodney Brooks et ses chercheurs du Leglab sont comme tous les artistes... des NooNautes...des voyageurs de la spiritualité, de l'imaginaire.

L'art est de plus en plus perçu par les créateurs contemporains comme s'inscrivant dans un processus de communication et d'échange multimédia, où les frontières entre les genres ne sont plus claires.
Musique, science, arts plastiques, technicité, sociologie, urbanisme, spectacle vivant....

C'est un des espaces informationnels de la noosphère de Teilhard de Chardin, il perd un peu de la sacralité associée au nom de l'auteur, ou à la notion d'oeuvre.
On est revenu d'une certaine façon, a sa nature primordiale, "essentielle" : un outil cognitif permettant de communiquer de l'information complexe.

L'artiste est un voyageur de la spiritualité qui va s'emparer des outils qui lui tombent a porté de main pour explorer des secteurs choisis de la noosphère...chaque outil lui permettant de v√©hiculer/explorer une information sp√©cifique

Je suis un artiste multimédia, un NooNaute, et j'inscris ma création dans cette démarche. Je m'empare des outils qui me tombent à portée de main pour m'exprimer. J'ai eu la chance de pouvoir faire un roman, qui s'inscrit dans une démarche globale de transmission de mon imaginaire, de mes voyages dans la noosphère, que je concrétise sur différents supports en fonction de leur pertinence ou de leur disponibilité : vidéo, peinture, sculpture, roman, photo etc...
Et, en ça il y a une très forte cohérence entre mon oeuvre, et ma personnalité... ;-)

Ainsi je m'arroge la liberté du NooNaute, d'explorer n'importe quelle zone de la spiritualité : je peux être catholique intégriste un jour, libertaire révolutionnaire un autre, mystique illuminé, ou rationnel scientifique, obsédé sexuel ou moraliste, et pourquoi pas facho crétin, Stalinien ou trotskyste extrémiste si ça m'intéresse... c'est imaginaire.

Il n'y a que le passage a l'acte qui peut craindre. Dans la sphère de l'imaginaire, mon rôle et mon expérience d'artiste est précisément d'aller là où c'est dangereux, vers les zones conceptuelles les plus tabous à la pêche aux "noumènes", car mon rôle est d'en ramener de la matière spirituelle qui apparaîtra dans mes oeuvres.

Il se trouve que je ne peux pas tout faire et que je suis flemmard, donc pour l'instant je cède à mes tropismes naturels, l'érotisme SM et la SF cyberpunk... qui ne sont pas des secteurs noosphériques de tout repos.

Cette vocation de NooNaute n'est pas sans dangers.
Car lorsqu'on va explorer des zones spirituelles dangereuses, on a vaguement intérêt à être bien accroché a une éthique personnelle, et avoir de sérieux ancrages qui permettent de ne pas perdre pied spirituellement, ou de se laisser emporter par tel ou tel concept ou émotion, sinon on risque de se retrouver comme beaucoup d'artistes dans notre histoire avec pleins de messieurs en blancs qui s'occupent de nous.

Pour donner un exemple vêcu qui ne soit pas sexuel... le jour où j'ai décidé de comprendre ce qu'était le concept de Dieu sérieusement... (au départ, et d'éducation plutôt anticléricale, je suis athée et rationnel) Après pas mal de lectures, d'interrogations de recherches ésotériques et spirituelles, un soir, j'ai réussi à incarné dans mon esprit ce que pouvait être la pensée d'un illuminé...
Je me suis aussitôt retrouvé connecté avec ce que certains ont coutume d'appeller une illumination, d'autre le nirvana... et comme pour les milliers, voir les millions d'humains à qui ce genre de chose est déja arrivé, Dieu m'a parlé... en direct. Il m'a dit :

"Béni de Dieu"

"Pêché d'Orgueil"

et

"Yann, ... Je n'existe pas."






NOOSPHERE

Norbert Wiener.
Cybernetics or Control and Communication in the Animal and the Machine, Librairie Hermann et Cie, Paris 1948.

Piere Teilhard de Chardin. Le phénomène humain. Éditions du Seuil. 1955.

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